vendredi 31 mai 2013

Candidats médecins au secours de Madagascar

Les médecins malgaches se sont toujours sentis concernés par le devenir de leur patrie. Ainsi, certains ont fondé des partis politiques, d'autres non.

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Dr. Alain Tehindrazanarivelo
lire "gazety enina"
Un de ces quatre médecins candidats a été l'Invité du Zoma. Il s'agit d'une émission télévisée locale, innovante car la journaliste Onitiana Realy donne la parole aux citoyens et permet de débattre sur tous les sujets, loin de la censure du temps des années Ratsiraka...

voir l'interview du 12.04.2013
Il s'agit du Dr Rolland JULES ETIENNE :
  • 54 ans
  • lauréat de l'université de médecine d'Antananarivo - Ankatso
  • a exercé en France
  • marié au Dr Ruphin Sylvie Soatiana ZAFISAMBO
  • président du parti MAFI (dont le vice-président est le Dr. Jonah Dominique RAKOTOARISON)
Voici un florilège de la prestation télévisée d'un potentiel président de la république malgache.

Ce qui est pertinent chez ce candidat médecin, c’est la notion de « sacrifice pour son pays ». (Séquence 28mn05)

Sa famille est bien installée en France. Le couple y exerce au titre de la médecine libérale, et leur trois fils  bénéficient d’une scolarisation plus que correct. Pourquoi alors prendre le risque de vivre dans son pays d’origine, où l’insécurité (sanitaire, scolaire, sociale) n’est plus à démontrer pour la diaspora ?

L’envie de sortir son pays d’origine du marasme semble expliquer cette décision. Quand on est déjà comblé, débarrassé des soucis des besoins vitaux et essentiels, là seulement on est disponible pour comprendre et de tenter d’aider les moins chanceux. C’est la même démarche que l’on retrouve chez les missionnaires, et qui explique par exemple la réussite du Père Pédro. Cependant ne soyons pas naïf : ici le succès est au rendez-vous, car il n’y a pas d’enrichissement personnel au sein de l’Akamasoa !

Ensuite, il n’a pas échappé à la question inévitable et récurrente de « l’insécurité ». (Séquence 27mn17)

Le Dr. Etienne a traité ce sujet de manière congrue. Pour lui, l’insécurité est à la fois cause et effet. La pauvreté vient de l’insécurité et crée de l’insécurité, dans le sens où les investisseurs ne s’intéresseront pas à Madagascar, tant que l’insécurité y règne. Il en est de même au sujet des dahalo (brigands, bandits et voleurs de zébus) auquel cas, l’armée est accusée d’exaction par Amnesty International, lors des tentatives de capture de Remenabila(Séquence 44mn51)

Quand la journaliste lui parle des 100 jours de grâce postélectorale des présidents fraîchement élus, (Séquence 42mn08) le Dr. Etienne Jules qualifie de  "menteur(euse) celui ou celle qui sera élu(e) et qui pensera que ce sera la fin de tous les problèmes dès leur investiture" (Séquence 37mn50).  Annoncer cette vérité dérangeante aux futurs électeurs est un risque que seul les candidats non démagogues osent faire.

Ensuite la journaliste lui demande l’
ordre de priorité, tout en lui rappelant la « perte des 40 000 emplois » suites aux dernières crise lors de la transition (Séquence 40mn00).

Pour ma part, c'est le risque des zones franches dépendant entièrement de la demande extérieure... Mieux vaut investir pour répondre aux besoins des malgaches... Au fait, de quoi ont besoins les malgaches ?


Plus loin la journaliste lui posera la question évoquant le manque d’expérience de la plupart des 41 postulants : « Fianarana ve ny fitatana firenena ? » autrement dit : « Est-ce un apprentissage la gouvernance d’un Etat ? » (Séquence 01h08mn22)

Si l’on analyse la totalité de l’émission, les propos du Dr. Jules Etienne évoquent un « pacte social » (Séquence 38mn23) d’un président « bien élu » sans tricherie, avec tous les malgaches, forts de leurs confiances et prêts à relever les manches pour le développement de tous. De même, le Dr. Jules Etienne a été clair en tenant compte des « besoins régionaux » (Séquence 38mn44), toujours dans le cadre de ce pacte social.


Il poursuit par la « consultation des syndicats » (Séquence 41mn15) dès sa prise de fonction ; tout en affirmant que la « discussion avec les syndicats de la santé est déjà chose faite » (Séquence 43mn10). Le Dr. Jules Etienne rappelle aussi que certains programmes existent déjà, malheureusement, il y a des lacunes au niveau de leur application par le pouvoir exécutif. (Séquence 41mn36)

Le Dr. Jules Etienne répond clairement que « tout est de l’ordre de l’urgence à Madagascar ». « Lahara-pahamehana daholo ny rehetra » (Séquence : 1h08mn48). Remarquons que cette question sous entend l’action unique d’un président seul, excluant la capacité et le travail de toute une équipe gouvernementale. Le président est le chef d’orchestre. Ensuite, il y a tous les ministres, les députés, les chefs de régions et tant d’autres collaborateurs. Madagascar ne manque guère de diplômés compétents. A mon humble avis, la difficulté du futur président(e) c’est d’exclure les corruptibles.

Un peu plus loin la journaliste lui demandera sa politique anti corruption (Séquence 1h01mn59) à laquelle il répondra que "les institutions sont déjà présentes – telles que Bianco… -  mais il ne sera plus question que seuls les citoyens seront concernés et que les gros bonnets y échappent…" (Séquence 1h02mn04)

Il poursuit par « Politika tako-bata na politika tip top ny teto » (Séquence 1h09mn) c’est à dire que jusqu’à présent, seule une politique de bricolage sans objectif à long terme a été appliquée ici.

La journaliste l’invite à « se mouiller un plus » en lui demandant alors « pourquoi le développement n’a pas été réalisé ? » (Séquence 48mn06)

Le Dr. Jules Etienne résume cette triste réalité par « l’absence de volonté politique » (Séquence 48mn27) alors qu’il est possible par exemple de multiplier les barrages hydroélectriques (Séquence 47mn51).

La journaliste évoque la dure réalité du quotidien des paysans - 75% de la population malgache. (Séquence  50mn17) Le Dr. Jules Etienne compte faciliter l’accès des paysans aux machines agricoles (Séquence 49mn20), de réduire les prix des intrants (Séquence 50mn34) tout en évoquant la chaine d’intermédiaires.
Plus loin il soulignera l’importance d’une politique de développement agricole auto suffisante (Séquence 1h03mn28) tenant compte du besoin mondial en matière première (Séquence 1h04mn10) et de conclure que l’importation de riz est suicidaire (Séquence 1hmn05)

La journaliste lui demande « comment motiver la scolarisation des enfants qui font des kilomètres le ventre vide pour accéder à l’école ? » (Séquence 52mn54)


Le Dr. Jules Etienne compte instaurer des « cantines scolaires » (Séquence 53mn41) 



La journaliste l’interroge sur le financement de ces projets et  sur l’endettement (Séquence 53mn41) et par exemple en 2004 Ravalomanana s’est heurté aux grèves des enseignants (Séquence 54mn29) De même, elle reposera la question « comment le faire » (Séquence 1h07mn05).



Pour le financement de tous ces projets, le Dr. Jules Etienne mise sur « un partenariat avec les investisseurs, associé à un encadrement, pour une autonomie au final » (Séquence 50mn06) et de rajouter « fananan'ny malagasy miverina amin’ny malagasy »  (Séquence 51mn13) c’est à dire « la richesse des malgaches reviendront aux malgaches » mais plus à une minorité seulement. Au passage, il évoque aussi le « fond souverain » qu’il compte mettre en place (Séquence 54mn37). "L’honnêteté" est indispensable pour ce faire (Séquence 1h08mn17). En plus, le Dr. Jules Etienne compte bien "réviser les contrats miniers" (Séquence 58mn53) 

La journaliste lui demande « qui seront les partenaires de Madagascar ? » (Séquence 1h09mn58) et lui demande « s’il a la double nationalité ? »

Le Dr.Jules Etienne demande à la journaliste que "si elle avait l’opportunité d’avoir la nationalité française, est-ce qu’elle l’aurait refusé ?" Après seulement, il a répondu que « s'il n’y a que la France, c’est comme si nous sommes encore colonisés » (Séquence 1h15mn25) et de poursuivre « l’heure est à la mondialisation, nous sommes ouverts à tous les pays » (Séquence 1h11mn25)

J’ai lu sur les forums cette suspicion, teintée de jalousie envers les bi-nationaux. Certains même excluent la part malgache et ne voient plus untel qu’en tant que français ou anglais… Je tiens à rappeler, que la diaspora (qui ne peut pas voter, même si certains n’ont que la nationalité malgache !) « n’a pas la tête dans le guidon » si je puis utiliser cette métaphore ! De ce fait, la diaspora peut avoir un peu plus de recul et peut avoir une vision pragmatique sans pour autant oublier la réalité malgache. La diaspora ne sert pas uniquement à ramener des cadeaux aux compatriotes, à l’instar de l’homme de Barbès évoqué par l’excellent roman de Fatou Diome dans « Le ventre de l’Atlantique » 

La journaliste lui rappelle que "Rajoelina a dénoncé les multinationales et demande comment, vous élu, allez modifier les contrats ?" (Séquence 59mn55)

Le Dr. Jules Etienne de rétorquer : "un président mal élu, puis non reconnu, donc non investi de suffisamment de pouvoir, n’aura pas de pouvoir face aux multinationales" (Séquence 59mn55) comme il l’a déjà dit « lanin’ny malagasy amin’ny fomba madio » « élu correctement par les malgaches » (Séquence 1h01mn52).

Parmi les secteurs porteurs à Madagascar il y a les terres agricoles, les mines et le tourisme (Séquence 1h04mn35) 

La journaliste a parlé des lacunes de la politique du tourisme – tarif aérien trop élevé (Séquence 1h06mn08).

Le Dr. Jules Etienne  a évoqué avec fierté que Nosy Be figure parmi les 10 première destination touristique (chiffre à vérifier… et voir aussi le tourisme sexuel dans ces archipels…) Ensuite il a évoqué la nécessité d’une promotion de Madagascar comme destination touristique (Séquence 1h06mn33) 

Questionné sur le financement de sa campagne (Séquence 1h12mn55) et des 4x4 (Séquence 1h15mn40) le Dr. Jules Etienne explique bénéficier d’un bon réseau de militants à Madagascar et dans le monde entier. 

La journaliste lui demande les effectifs constituant son futur gouvernement (Séquence 1h18mn46) 

D’après le Dr. Jules Etienne, pas plus de 20 ministres (Séquence 1h18mn53)

La journaliste lui demande « le mot de la fin » pour clôre le débat (Séquence 1h19mn01)

Le Dr. Jules Etienne nous invite à la réflexion suivante : « Quel passé ? Quel présent ? Quel avenir ? Et que reste-t-il de la sagesse de nos ancêtres ? Que promettons nous à nos enfants, comment progresser ? »  (Séquence 1h19mn54)

Pour mieux le connaître...
Aux futurs électeurs de répondre à ces questions, à travers leur choix d'un futur président.

En attendant, voici les liens pour découvrir le programme du Dr. Jules Etienne et de son parti MAFI : 
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Mise à jour ce 05.09.2016 : 

   Le Dr Jules ETIENNE est devenu ministre...  comme le témoigne La Gazette de la Grande Île :

"Ministra Jules Etienne: Mandany andro mitety an’ireo orin’asa efa maty

Tena hita fa dokotera mpitsabo tokoa Ingahy minisitry ny Indostria, Jules Etienne, ka tsy mba azony an-tsaina ny mety ho endriky ny orin’asa tsy nihodina tao anatin’ny 5 taona na 10 taona na 20 taona na mihoatra an’izany. Dia mifamatotra amin’ny fihetsika ataony amin’izany ilay pôlitikan’ny serho iverlany toy ny fanaon-dRavalomanana. Miezaka mandany andro mihitsy mantsy i Jules Etienne mitety an’ireo orin’asa efa tsy nihodina nandritra ny taona maro teto. Amin’ny lafiny iray dia toa rariny izy raha midina ifotony mijery an’ireny orin’asa ireny fa amin’ny lafiny iray kosa dia hita fa mbola tetika isarihana ny fon’ny olona ihany. Izay ilay pôlitikan’ny seho ivelany.
Dia mihevitra ve i Jules Etienne fa tsy mba nanana eritreritra hitady izay hampihodinana indray an’ireny orin’asa nisy teto ireny mihitsy ireo minisitra teo alohany? Na ny orin’asa Sirama any Brickaville io na ny Zeren any Toamasina, na ny Tiko any Andranomanelatra Antsirabe, na ireo hafa rehetra nandaniam-bolabe tamin’ny Repoblika faharoa toy ny Hodima any Ambositra, Zema any Atsimo, Snhu any Toliara, Fitim any Mahajanga, … sy ny maro e!

Dia manao fampielezan-kevitra pôlitika maloto hoe “mba hamerenana ny asa very teo amin’ireo tanora maro.” Tsara avokoa izany tarigetra izany fa aza mandrebireby vahoaka. Angaha izany vitan’ny fihetseham-po na ny faniriana fotsiny? Toa manao ariary zato ampandriana na “valala eny an-danitra ka asiako sira”. Io aza ny filazana hoe “tafaverina ao anatin’ny Agoa isika Malagasy”, tsy hita izay fihetsiky ny minisitry ny Toekarena sy ny minisitry ny Indostria amin’ny tena fampandrosoam-pirenena fa maika fotsiny hamerina ireo mpiasa any anaty orin’asa; nefa niainan’ny maro teto ny asa famonoana olona niainan’ny mpiasa tany amin’ireny orin’asa afa-kaba ireny. Vehivavy mitondra vohoka nefa terena ny mpitsabo tsy hanome azy fotoana ialana sasatra, hany ka teraka ampitsanganana eo am-piasana. Na hisotro rano aza tsy azony natao. Nisy teto izany, ary ohatra iray amin’ireo marobe nanandevozana ny mpiasa Malagasy.

Saingy mafy moa ny manjo an’ireo tsy an’asa ka hararaotina izy ireo amin’ny karama vary masaka sy fepetra iasana maningotra aina.

Eo amin’ny lafiny toekarena dia iza amin’ireo minisitra ankehitriny ireo izao no mba nanana ahiahy hoe “inona avy moa no akotra takian’ireo orin’asa afa-kaba ireo fa toa tsy misy tsy hafarana avy any ivelany?” Aiza ilay antsoina hoe “tissu économique”? Izany hoe ampiroboroboina eto ny sehatra miantoka ny akora hahodin’ireo orin’asa afa-kaba. Na bokotra na kofejy anjairana na ravin-damba hozairina na kojakoja hafa, dia tsy misy mba vokarina eto fa afarana avokoa nefa ireny no isan’ny miteraka harena eto. 20 taona mahery no nisian’ny orin’asa afaka haba teto fa tsy nisy mpitondra fanjakana mba nitaky ny hanajana izany dingana ara-pamokarana izany mba hiteraka harena ho an’ny firenena teto, dia indro indray fa miseho azy ho tena mieritreritra ny hampandrosoana ny toekarena amin’ny alalan’ny famelomana an’ireo orin’asa efa tsy nihodina hatry ny ela ry Jules Etienne.


Kobaka am-bava io ary iza no mahafantatra raha misy tetika maloto hafahafa mifamatotra amin’izany tetika izany any ho any ? "

ss